En 2020, déjà, il m’avait semblé intéressant d’analyser « le phénomène Trump » sous l’angle des neurosciences. Car Donald Trump est hors-norme. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il ne laisse personne indifférent. Déjà tonitruant et imprévisible lors de son premier mandat, il n’a cessé de repousser les limites du pouvoir, du discours et de l’outrance. Si sa première présidence a été marquée par l’explosion des fake news, des tweets clivants et de l’exploitation massive des émotions, sa réélection a marqué une rupture : Trump ne cherche plus seulement à diviser, il installe une stratégie du chaos comme mode de gouvernance. Les mécanismes de leadership, de communication d’influence et de perception sont aussi analysés dans mes conférences en tant que conférencier en entreprise, à travers des cas comme celui-ci.
Le but de cet article n’est pas de juger l’homme. Ce qui importe ici, c’est de comprendre comment il a réussi à imposer sa propre réalité et à faire du conflit permanent un outil politique. Et comment nous pouvons, devons réagir intelligemment face à cette nouvelle réalité.
Rien n’a changé – tout est devenu plus extrême
Dès 2016, Donald Trump avait compris une chose essentielle : la vérité importe peu, ce qui compte, c’est l’impact émotionnel. En 2020, il enfonce le clou. Il ne gouverne plus par les faits, mais par le spectacle, la polémique et la confrontation permanente. Ses mensonges ne sont pas des erreurs, mais une stratégie délibérée pour fracturer la société et imposer son récit.
En 2024, comme l’explique remarquablement Julien Devaureix dans son podcast Sismique, Trump ne se contente plus de manipuler : il orchestre le chaos. Là où il jouait sur l’émotion pour mobiliser, il l’utilise désormais pour désorienter et épuiser. Chaque jour, de nouvelles attaques, de nouveaux boucs émissaires, une nouvelle polémique. Le flot est incessant, difficile à suivre, impossible à combattre rationnellement. La fatigue cognitive joue en sa faveur : à force d’être bombardés de contradictions, d’outrances et d’émotions brutes, les citoyens finissent par ne plus chercher la vérité, mais simplement à choisir un camp.
Humiliation, brutalité, puissance : la mécanique du pouvoir
Pourquoi cette stratégie fonctionne-t-elle aussi bien ? Parce qu’elle résonne avec l’un des instincts les plus profonds de l’humanité : la volonté de puissance.
Nietzsche l’avait identifié comme le moteur fondamental de l’être humain. Henri Laborit, en 1980, disait que « Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change ». Trump, instinctivement, l’a compris et en a fait son arme principale.
Ses meetings ne sont pas des discours politiques : ce sont des démonstrations de force. Il ne débat pas : il humilie. Il ne convainc pas : il ridiculise. Chaque attaque contre ses opposants, chaque moquerie, chaque surnom dégradant participe à un rituel de domination, où la puissance l’emporte sur la vérité, et où la violence verbale est perçue comme une preuve de leadership.
Ce mécanisme, profondément animal, parle à tout le monde. Pourquoi ? Parce que nous sommes biologiquement programmés pour admirer la force. En cas de danger ou d’incertitude, nous cherchons un leader capable de nous protéger, quitte à accepter qu’il écrase les autres. Trump joue précisément sur cet instinct archaïque. Sa brutalité ne le dessert pas, elle le renforce.
L’humiliation de ses opposants est une démonstration de pouvoir. Son mépris des conventions est une preuve de liberté. Son absence totale d’excuses est une affirmation de son invincibilité.
La fascination pour la puissance et ses dangers
Trump n’est pas le premier à exploiter cette mécanique. Les leaders populistes, les dictateurs, les figures autoritaires ont toujours su capitaliser sur la peur et le besoin de puissance. L’histoire nous montre que les périodes de crises sont propices à l’émergence de ces figures, capables de canaliser la frustration d’un peuple en quête de repères.
Dans une Amérique en perte de vitesse face à la montée en puissance de la Chine, dans un monde où les certitudes s’effondrent, Trump représente une illusion de puissance. Il incarne une Amérique forte, brutale, insensible aux critiques. Son slogan « Make America Great Again » joue sur une nostalgie du pouvoir perdu et flatte un désir universel : celui de retrouver une position dominante.
Mais cette fascination pour la puissance est un piège. Comme l’histoire l’a démontré, l’obsession du pouvoir et de la domination conduit inévitablement à la destruction. À force de chercher à écraser l’autre, à vouloir imposer une seule vision du monde, à nourrir une logique de conflit permanent, on finit par engendrer un chaos ingérable.
Le choix crucial : chaos ou intelligence collective ?
En ce début d’année 2025, c’est là que nous en sommes : à un point de bascule.
Soit nous nous laissons submerger par cette dynamique destructrice, où la brutalité et l’émotion prennent le pas sur la raison. Où la politique devient une lutte de pouvoir permanente, où l’humiliation est normalisée, où le plus fort impose sa loi. Soit nous réfléchissons à créer un modèle alternatif.
Ce modèle alternatif ne viendra pas d’un leader providentiel. Il dépend de notre capacité collective à refuser ce jeu, à développer notre intelligence émotionnelle, notre esprit critique, notre capacité à ne pas réagir instinctivement mais à réfléchir, analyser, et construire le monde dans lequel nous voulons vivre.
L’histoire nous montre que les sociétés les plus prospères ne sont pas celles qui glorifient la domination, mais celles qui favorisent la coopération. Les entreprises qui réussissent ne sont pas celles qui écrasent leurs employés, mais celles qui misent sur l’intelligence collective.
La politique devrait en être le reflet.
Trump a prouvé une chose : l’humanité est encore largement dominée par ses instincts les plus primitifs. Il a montré que la démocratie, si elle n’est pas protégée, peut être instrumentalisée au profit d’un seul homme, et que la vérité elle-même peut être balayée sous un torrent d’émotions.
Mais il a aussi révélé un autre enseignement : nous avons le choix.
Nous pouvons décider de ne pas suivre cette pente. De refuser la polarisation, la brutalité, la manipulation. Car si les neurosciences sont unanimes pour qualifier l’homme d’animal (#domination), elles nous disent également que nous sommes des animaux sociaux, que nous avons fondamentalement besoin de lien social pour nous épanouir.
La question est simple : voulons-nous un monde où seuls les plus brutaux survivent ? Dans un monde de domination animale ? Ou dans un monde d’intelligence humaine ?
Ou sommes-nous capables de construire un monde où la puissance n’est plus une fin en soi, mais un outil au service du bien commun ?
L’enjeu est là. Et il est immense.
A propos
Président d’ijustvalue, conférencier intervenant en entreprise et coach certifié, Laurent Barthélemy est spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants souhaitant obtenir des résultats extraordinaires. Il s’appuie pour cela sur une approche combinant neurosciences et meilleures pratiques en management, dont vous venez de lire un exemple vous permettant de booster votre couple performance / bien-être au travail.
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