Ce que les neurosciences nous apprennent sur nos décisions
Nous avons tendance à croire que nous contrôlons nos décisions, que notre volonté guide chacune de nos actions. Pourtant, les neurosciences modernes remettent sérieusement cette conviction en question. Depuis les travaux de Benjamin Libet dans les années 1980, et ceux de John-Dylan Haynes plus récemment, une nouvelle perspective a émergé : notre cerveau initierait nos choix bien avant que nous en ayons conscience.
Benjamin Libet : l’homme qui a défié le libre arbitre
Le protocole de l’expérience
En 1983, Benjamin Libet, chercheur en neurophysiologie à l’Université de Californie, mène une expérience devenue iconique. Il demande à des participants d’effectuer un mouvement simple (plier le poignet, appuyer sur un bouton) à un moment qu’ils choisissent librement. En parallèle, il mesure l’activité cérébrale par électroencéphalogramme.
Résultats et révélations
Ce qu’il découvre bouleverse la compréhension de la prise de décision : environ 550 millisecondes avant que le sujet prenne conscience de sa décision, son cerveau montre un signal nommé potentiel de préparation. Autrement dit, l’action est en cours de préparation avant même que l’individu ne pense l’avoir décidée.
Libet émet alors l’idée du « veto conscient » : bien que le cerveau initie l’action inconsciemment, la conscience pourrait encore intercepter et inhiber cette action dans les derniers instants.
John-Dylan Haynes : prédire les décisions sept secondes à l’avance
Un bond technologique avec l’IRM fonctionnelle
En 2008, John-Dylan Haynes, chercheur à l’Institut Max Planck, réplique l’expérience de Libet, mais avec une technologie bien plus précise : l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Il demande aux participants de choisir d’appuyer sur un bouton avec la main droite ou gauche, et d’indiquer à quel moment ils ont pris cette décision.
Des prédictions surprenantes
Grâce à l’IRMf, Haynes peut identifier des motifs d’activation dans certaines zones cérébrales (le cortex préfrontal et le cortex pariétal) jusqu’à 7 secondes avant que les participants ne soient conscients de leur choix. Le cerveau semble donc « décider » bien avant nous, renforçant l’hypothèse que la conscience serait davantage une « spectatrice » qu’un moteur actif.
Ce que cela signifie pour notre libre arbitre
La conscience : acteur ou commentateur ?
Si notre cerveau choisit avant nous, que reste-t-il de notre libre arbitre ? Ces expériences ne signifient pas que toutes nos décisions sont prédéterminées ou que nous ne sommes que des automates. Mais elles nous montrent que la plupart de nos actions sont initiées inconsciemment, puis validées, modifiées ou inhibées par notre conscience.
En d’autres termes, la conscience jouerait un rôle de régulateur, plutôt que celui de l’initiateur. Ce modèle est d’ailleurs en cohérence avec d’autres travaux en neurosciences sur les processus automatiques du cerveau.
Une remise en question de la responsabilité individuelle ?
Si une action est enclenchée avant que nous en soyons conscients, peut-on toujours parler de responsabilité ? Les neurosciences n’offrent pas de réponse tranchée, mais invitent à reconsidérer la complexité des mécanismes cognitifs impliqués dans la prise de décision. Cela concerne autant les choix du quotidien que les comportements professionnels ou éthiques.
Pourquoi ces découvertes intéressent le monde de l’entreprise
Décider, oui… mais comment ?
En entreprise, la prise de décision rapide et efficace est cruciale. Or, ces recherches montrent que nos décisions reposent souvent sur des processus inconscients, influencés par nos émotions, nos expériences passées et nos biais cognitifs. Mieux comprendre cela, c’est améliorer sa capacité à :
Déjouer ses biais de confirmation ou d’ancrage.
Ralentir pour laisser de la place à l’analyse consciente.
Prendre des décisions plus alignées avec ses objectifs.
Coaching, formation, leadership : des leviers d’impact
Dans le cadre du coaching de dirigeant ou des formations en leadership, intégrer ces connaissances en neurosciences permet de :
Renforcer l’intelligence émotionnelle : en reconnaissant les signaux faibles déclenchés avant même la conscience.
Développer la métacognition : la capacité à réfléchir à ses propres mécanismes de pensée.
Favoriser des environnements de décision plus sains : où l’on prend le temps d’interroger ses impulsions initiales.
Conclusion : un nouveau regard sur nos choix
Les travaux de Libet et Haynes nous poussent à repenser profondément notre autonomie, notre responsabilité, et notre capacité à choisir en conscience. Ils montrent que nos décisions ne surgissent pas de nulle part : elles émergent d’un dialogue complexe entre cerveau inconscient et conscience active.
Mais loin de nier notre liberté, ces découvertes nous incitent à mieux comprendre comment nous décidons, pour décider mieux. Si ces sujets vous intéressent, vous pouvez faire intervenir un conférencier expert en neurosciences appliquées au management dans votre entreprise.
A propos
Président d’ijustvalue, conférencier en entreprise et coach certifié, Laurent Barthélemy est spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants souhaitant obtenir des résultats extraordinaires. Il s’appuie pour cela sur une approche combinant neurosciences et meilleures pratiques en management, dont vous venez de lire un exemple vous permettant de booster votre couple performance / bien-être au travail.
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